Il y a cinq ans j’écrivais un article intitulé le temps d’aimer. L’eau à coulé sous les ponts, l’amour s’en est allé et je me dois d’écrire la fin de l’histoire aussi triste et sordide soit-elle. J’ai appris beaucoup de ce nouvel amour, mais je fais surtout le constat que j’ai un profond besoin d’être seule.
Je savais qu’aimer expose à la douleur, à la perte, à diverses souffrances, jeux de pouvoirs et d’ego. Aimer expose aussi au bonheur de se croire un temps protégé à l’abri de la misère affective et sexuelle. Mais l’amour n’est pas ce carcan figé de la monogamie exclusive à l’usage d’un seul être, l’amour vivant est loin de l’idéal judéo chrétien de la famille nucléaire et du couple avec enfants. Aujourd’hui pour moi tous ces codes appris sont un asservissement à l’autre et à la société.
L’amour dépasse de loin ces cases pré-établies. L’amour est une force, une énergie pure qui peut aussi bien venir nourrir une relation monogame, ou venir porter secours au prochain, il peut être tourné vers les autres ou vers soi et donner ainsi la force et la confiance qui nous permet ensuite de rayonner pour les autres. En me délestant d’un amour sclérosé, je regagne ce qu’il y a de vivant en moi. L’amour est une relation, une co-construction dans laquelle tout doit être questionné. A vouloir créer l’enveloppe parfaite pour cet amour, LA maison, nous avons perdu de vue ce qu’il y avait de vivant dans notre relation.
Il m’est difficile d’évoquer sans affect cette histoire au passé, mais je sais que la fin de l’amour c’est du temps retrouvé pour moi, de l’énergie à venir pour les autres, et l’idée d’un passage vers l’inconnu, vers la découverte, vers la vie. Se défaire de ce qui nous pèse, s’alléger de quelque croyances, y perdre des plumes… Me voilà nue a nouveau, libre et sans attache, plus forte et indépendante.
J’ai appris la grande leçon du lâcher prise, l’idée qu’il faut accepter de perdre ce qui nous semble essentiel, savoir se dépouiller de tout pour retrouver la confiance dans l’avenir. Tout comme il faut se départir de ses à-priori pour vraiment découvrir l’autre. Se découvrir soi même nécessite aussi d’abandonner la lutte et d’accepter ce qui vient, ce qui parle à travers nos émotions, ce qui palpite sous notre peau blafarde.
J’ai passé près d’un mois à cligner de l’oeil de manière nerveuse, la paupière tétanisant, signe de fatigue nerveuse, d’épuisement moral, mais aussi l’idée que mon oeil droit trahissait quelque part ce dont j’avais le plus besoin : changer de point de vue et de perspective, arrêter de m’aveugler sur la situation, ouvrir enfin les yeux sur ma souffrance
Photos prises sur les toits de la base sous marine à Bordeaux, un symbole de résilience. Comment de la destruction, renait la vie, les plantes endémiques avec un petit air de fin du monde…