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Paroles d’auteurs

 Jusqu’alors, quand j’écrivais, il me semble que je n’avais pas une claire conscience des problèmes que je rencontrais, des fautes à ne pas commettre, des exigences à satisfaire. Je ne savais pas toujours éviter le convenu, les lieux communs, les mots trop prévisibles. J’écrivais à l’instinct, et je ne  sais si ce vocable est bien approprié.  Ce qui me guidait, c’était mon intuition, et surtout, mon désir d’être simple. J’avançais à tâtons, pressentant vaguement la forme que devait prendre la phrase qui s’élaborait.

 

De nombreux ingrédients participent à cette alchimie de l’écriture.  Quand j’écris, je me préoccupe désormais

  •  d’être sobre, direct, concis
  • de trouver le mot juste, l’expression juste, la structure de phrase adéquate. De trouver la justesse du ton.  De n’être ni au-dessus, ni au-dessous de ce qui est à exprimer
  • de ne pas résoudre un difficile problème d’écriture par un artifice
  • de ne dire que ce que je veux dire
  • de n’employer qu’après examen des mots qui ont une histoire, un passé
  • d’être attentif aux connotations, à l’implicite, aux vibrations qui se propagent d’une phrase à l’autre
  • de veiller à l’articulation des phrases, à l’écoulement du texte, au rythme. À la temporalité
  •  de choisir de préférence des mots qui se réfèrent au sensible, au concret.  Donc d’éviter autant qu’il se peut ceux qui désignent des réalités abstraites. De refuser certains termes techniques empruntés à différentes disciplines
  • de faire de la musique avec les mots.  Grande attention portée à leur sonorité, à leur poids, à ce qu’ils irradient
  • de m’en tenir à une intensité retenue
  •  de rechercher un langage objectif, tout en veillant à lui donner de la chair, de la couleur, du relief

Écrire, c’est travailler la langue mot à mot, syllabe à syllabe. C’est se soumettre à ce qui advient, en restant assez lucide pour pouvoir structurer la matière inorganisée qui se propose. C’est être sensible à toutes les interconnexions qui se nouent à l’intérieur du texte.

J’ai encore du chemin à parcourir – ce chemin n’a pas de terme – mais il est vrai que j’ai toujours voulu acquérir ce savoir-écrire qui associe spontanéité et réflexion, abandon et rigueur, lyrisme et lucidité, ce savoir-écrire qui permet d’accéder à « l’art sans l’art ».

On comprend pourquoi Hofmannsthal – mais est-ce bien lui ?- a pu dire qu’un écrivain est quelqu’un pour qui écrire est plus difficile que pour toute autre personne.

Extrait d’Apaisement,  Journal VII 1997-2003 de Charles Juliet

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En panne ?

Quand je suis en panne d’inspiration, ou simplement quand je veux m’aérer le cerveau où penser en dehors du cadre, j’utilise cet outil anglo-saxon développé pour le Creative Writing que l’on appelle Prompts. Cette notion de prompt n’a pas vraiment d’équivalent en français. Ce sont de petites phrases pour aider à démarrer une histoire, un peu comme des anti-sèches, ou des mots soufflés, mais terriblement efficaces et qui incitent à l’action.

Toutes mes excuses pour les sites qui vont suivre, mais ils sont tous en anglais puisque les prompts en français n’existent pas.

Trois sites de Prompts

C’est le plus souvent un pitch très simple comme ceux que l’on peut créer avec la Prompt Machine.

Le site utilise la formule magique : Personnage + désir + conflit = histoire.

On fait tout simplement tourner la roue pour choisir ce qui nous parle sur le moment ou alors l’idée la plus improbable et le pitch apparait en haut.

Il y a aussi un Tumblr au nom éloquent : Writing prompts that dont suck.

Il y en a plus de 600 !

Soit écrits classiquement avec une proposition de genre, de personnage et puis de situation.  Soit plus conceptuels du genre : « écrivez  une histoire sur de la neige qui n’est pas de la neige ». Ou encore des liste de mots à utiliser.

Enfin pour les auteurs de fantasy j’ai trouvé 200 Fantasy Writing Prompts, une liste téléchargeable en pdf et qui semble aussi destinée aux geeks.  faa295e658da2392688b1caf6125e863

Si ces différentes histoires ne libèrent pas directement la créativité, elles ont au moins l’avantage de faire rire ou sourire le temps de s’imaginer les écrire.  Cet exercice peut-être très intéressant, car il libère l’écriture des barrières et blocages, ainsi que de nos croyances : C’est pas crédible et pas réaliste !