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Avoir la foi

Chaque année au moment du solstice d’hiver et aussi au moment su Solstice d’été, je ressens que ces grands passages du temps, ces basculements de l’ombre vers la lumière et inversement sont plus puissants si on les accompagne consciemment.

Cette année, je me dépouille, je m’allège et j’affronte ma peur de la solitude et de l’inconfort.

Mais surtout je met à l’épreuve ce que j’ai nouvellement découvert en moi : la foi. Qu’est-ce que la foi ? Je dirai que c’est la confiance dans la vie, l’idée que l’on peut se reposer sur une intelligence plus grande que la notre afin de nous aider dans les moments de doute, afin de nous guider et de nous accompagner. Cette intelligence peut être qualifiée de divine, elle est pour moi naturellement présente et partagée entre tous, mais il faut volontairement choisir de s’y relier, de lui faire confiance, c’est ça la foi.

Japon, Fujino, Septembre 2019

La foi est donc un choix (même si ça peut venir en réponse à un appel) c’est le choix de la confiance plutôt que la peur, de laisser-faire plutôt que tout contrôler. C’est l’idée que nos intentions sont créatrices, qu’elles peuvent se manifester dans le réel, mais rarement de la manière que nous avions prévu, donc c’est accepter de voir la magie, les miracles, les synchronicités. La foi c’est un regard souriant porté sur le monde et la réception en retour du fait d’être porté, soutenu, guidé, aidé. Tous ces mots, tous ces concepts peuvent être présent dans nos vies sans qu’on les voit, sans qu’on les accepte. A partir du moment où l’on entre dans la foi, on découvre ce qui a toujours existé autour de nous, mais avec un regard différent, celui de la croyance en un principe supérieur négentropique : c’est à dire un principe supérieur qui favorise l’organisation naturelle des systèmes et leur homéostasie (c’est à dire leur régulation naturelle). Pour le dire plus simplement je parle ici de l’équilibre naturel de la vie. Si l’on part du principe que la nature, le monde, l’infiniment grand et l’infiniment petit fonctionnent selon ces principes, il suffit d’avoir la foi et de faire confiance.

Alors oui mais que dire des guerres perpétuelles, de toute la noirceur du monde, de tout ce qui nous divise à titre individuel ou collectif ? Comment peuvent-ils encore exister dans ce système si parfait ? Eh bien je suis convaincue que tous ces maux existent grâce à nous, car dans notre volonté de faire, dans notre soif de contrôle, dans notre croyance d’avoir prise sur le monde, nous détruisons tout (y compris nous-même). Notre ego, gonflé comme une baudruche, nous amène à nous croire maîtres du monde, au dessus du règne animal et végétal, au lieu de rester en lien, on s’arroge les pouvoirs de décisions sous prétexte le prétexte d’une intelligence et d’une science qui s’oppose à notre essence et à la vie. Quand nous n’étions que des peuples primitifs, l’orage, la pluie et le vent étaient des menaces, nous étions à notre place. Aujourd’hui nous sommes la plus grande menace pour la vie, nous nous prenons pour Dieu et jouons à décider de tout. Or sans rapport au divin, sans trouver la foi en soi, je ne pense pas que nous pourrons, avec l’aide de la technologie, sauver nos âmes.

En ce jour du solstice, je ressent que la nature nous amène à passer de l’ombre à la lumière. De la peur à la foi. Il faut croire que la lumière reviendra, rien de tangible ne nous l’indique encore et pendant des jours l’ombre va rester là. Mais comme à la fin de l’expiration une nouvelle inspiration toujours renaît (sinon vous êtes morts) la lumière ne peut que devenir, et la foi nous aider à trouver le lien aux autres et surtout à ce qui nous dépasse tous. Le Mystère. La vie. Dieu.

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Chrysalide

J’ai toujours comparé mon lieu de vie à un cocon. C’est cette enveloppe douce qui me protège du monde extérieur, c’est le lieu idéal pour se reposer du monde. Ma maison est mon cocon, mon atelier aussi, tout est tourné vers l’intérieur, mon monde s’y déploie en petit dans les murs qui me protègent.

L’hiver dernier m’est venu la notion de Chrysalide, ce lieu de la transformation voué à s’ouvrir pour laisser sortir le papillon. Certains cocons le restent à jamais… Des centaines de milliers de larves de bombyx sont élevés chaque année, pour ne jamais sortir de leur joli cocon. Le confort du cocon c’est aussi la mort.

La chysalide, c’est accepter de se séparer d’une protection pour renaître sous une autre forme. C’est quitter un abri, délaisser le connu, le repli sur soi… trouver la force de percer la coquille qui nous enserre pour se déployer dans le monde. Un papillon quand il est dans sa chrysalide est appelé nymphe. La Nymphe ne se nourrit pas, elle est en stase, si l’on cherche des images, c’est aussi bien la nymphe du papillon que cette jeune personne diaphane issue des eaux.

Jean-Jacques Henner (15 mars 1829 – 23 juil. 1905)
Nymphe endormie

Je ressens une transformation qui se fait en moi. Une envie de me dépouiller de ce qui me pèse, de m’alléger de cette coquille qui m’enserre. Me voilà prête à m’envoler. Bientôt. Mais la transformation est un temps de crise.

Crise de foi

Il y a des moments où je perds pied, où je perds la foi. Je ne sais plus vraiment si je suis sur le bon chemin, je trouve la transformation douloureuse, oppressante, je me cogne dans cette maison immobile. La vie est terne, grisé, comme étouffée. Je doute de revoir un jour la lumière du jour, je somnole, je peste, je crie et je pleure. Ces passages sont des épreuves sur le chemin, de crises en crises pour peu à peu ouvrir les yeux et voir le monde autrement. Entre temps ça tangue et tout se déforme en moi. Mes émotions viennent me chavirer sans raisons, d’un moment à l’autre je ne suis plus la même.

Il y a la solitude inhérente à la transformation. Personne ne peut aider un papillon à naître, il doit trouver seul la force de se transformer puis de sortir au jour. Le soir, je regarde les lumières du couchant, elles sont flamboyantes, elles m’apportent un message d’espoir. Les couleurs du monde peuvent revenir à la faveur d’un coucher ou d’un lever de soleil. J’absorbe cette énergie de la vie, cette beauté qui m’est donnée, j’essaye de l’ingérer comme je peux.

Parfois les mots des autres viennent nous tirer de là, nous offrir quelques pas de côtés. En ce moment c’est Claire Studer qui m’inspire avec ses mots simples et qui m’accompagne en douceur sur le chemin vers l’abandon du cocon de soie pour se retrouver et traverser les transformations.


Photo de Julie Esteban
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Le coeur ardent

C’est un chêne vert. Un chêne qui met des centaines d’années à pousser pour atteindre cette taille là. Un tronc si large qu’on n’en fait pas le tour les deux bras écartés. Ce chêne est caché dans le jardin secret, d’un bâtiment à l’abandon, une ancienne école ou caserne, un bâtiment austère et inquiétant. En entrant dans le jardin je sens comme une mise en garde : attention aux rencontres dans ce lieu qui abrite le peuple des marginaux, la frange invisible de la société, je m’inquiète un peu. Le chemin est escarpé, les yeux vides du bâtiment m’observent, je suis avec ma chienne et j’ai confiance en elle. Il faut traverser le jardin et s’aventurer un peu plus loin dans ce qui ressemble à une forêt encerclée d’une immense enceinte de pierre. Une forêt protégée par des murs.

Quand je le vois, sa stature m’impressionne. Il est immense, son tronc large et ses branches principales s’ouvent à hauteur de mes yeux. Il pousse dans une pente, droit et fier. Tout près de lui, a été installée une grande pierre ronde comme une meule, la table ronde qui attend ses chevaliers. Il porte son âge sur ses branches, l’écorce et rude au toucher, il a su traverser les âges, les tempêtes, les années, il vit sa vie d’arbre immortel (comme le sont tous les arbres !) Au milieu des branches principales se trouve une grande faille en son centre, comme une immense plaie dont je ne vois pas le fond et qui l’ouvre en deux. Cet arbre séculaire est ouvert, il s’offre à la vue et sa présence me touche. Je décide de m’assoir un instant à ses côtés sur la grande pierre plate.

Le soleil d’hiver vient alors frapper de ses derniers rayons oblique le coeur de l’arbre, l’éclairant d’une lumière dorée, chaude et douce. Je regarde à nouveau cette plaie offerte, son ouverture est pleine de lumière. Au fond quelque chose brille comme de l’or, une part plus claire reflète la lumière et me renvoie à la magie de cet instant. Pendant quelques minutes, le temps d’un coucher de soleil, cet arbre m’a montré son coeur. Il m’a laissé voir la lumière qu’il porte. Il m’a donné confiance dans la notion d’ouverture, il m’a transmis sa force et sa fragilité dans un même moment.

Quelques temps plus tard, je ressens à nouveau que le seul moyen d’ouvrir son coeur, consiste à accepter de montrer sa blessure, la faille qui nous ouvre en deux et autour de laquelle notre personnalité s’est construite. Cette blessure originelle, on fait tout pour éviter de l’approcher, pour ne pas la montrer. J’ai à nouveau ressenti cette ouverture du coeur. J’ai vu la beauté des êtres qui s’offrent ainsi ouverts et vulnérables, j’ai vu la lumière qui émane de leur béance. Dans l’un de ces moments si particulier où il m’a été donné de toucher et ressentir la fragilité et la lumière en même temps, j’ai entendu en moi le nom d’une ville. D’abord je n’y ai pas prêté attention et puis ce nom est revenu sonner à mes oreilles, et je me suis dit que c’était étrange de penser à cette ville-ci précisément à ce moment. C’est une ville qui m’est inconnue et dont personne ne m’a jamais parlé, j’ai donc cherché le lien entre ce nom de ville et l’ouverture du coeur.

Cette ville s’appelle Paray le Monial. En son sein se trouve la chapelle de la visitation dans laquelle Marie-Marguerite Alacoque reçu la vision de Jésus et de son coeur « brûlant d’amour » pour les hommes.

Le coeur sacré, cet espace de lumière accessible en chacun de nous, cet espace d’ouverture à l’autre et à soi qui nécessite de s’ouvrir en deux, de fendre l’armure pour montrer ce qui est le plus fragile et le plus secret en nous. C’est à partir de notre blessure intérieure, de notre faille, que la lumière filtre tout autour de nous. C’est dans la fragilité que se trouve notre plus grande force. Ce que je cache pour me protéger. Ce qui me fait souffrir et me fait honte, ce qui me met à nu, c’est ce qui rayonne le plus fortement et qui permet l’accès au monde spirituel, à l’amour inconditionnel.

J’ai été bouleversée par ma rencontre avec ce vieux chêne et puis interpellée par la référence au coeur de Jésus. L’image d’un Coeur Sacré, blessé, qui serait le point d’entrée vers le monde spirituel, la clé qui ouvre le coeur des autres, me parle et m’émeut profondément. Le dernier livre que j’ai lu et vraiment aimé s’appelait « le coeur cousu« et il comporte aussi une dimension spirituelle forte. Dans ce livre, une femme recoud le coeur et l’âme d’hommes déchirés, en lambeaux et elle même se perd à force de réparer l’égo, l’âme et puis le corps de ceux qu’elle aime.

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L’éveil

L’expérience transformative que j’ai vécue depuis bientôt 2 ans, mais qui en réalité a été à l’oeuvre pendant toute ma vie, avec plus ou moins de puissance m’a soufflé son nom : l’Eveil. Nommer ce que l’on vit n’est pas simple, j’ai d’abord cru traverser un effondrement, puis une dépression et enfin ce mot qui vient avec la force et l’énergie retrouvée. Ce mot est le bon, car il évoque à la fois la spiritualité, mais aussi une nouvelle manière de voir le monde, d’entrer en relation avec les autres, de vivre tout simplement.

J’ai compris que la traversée entamée il y a 2 ans est loin de toucher à sa fin, mais son sens, m’apparait de plus en plus clairement et la direction prise est celle d’une réparation intérieure, émotionnelle, corporelle et mentale. Tout mon être a vécu une renaissance et bien qu’étant restée la même, je me sens différente, plus affirmée, plus ancrée, plus complète et en capacité de mieux vivre ce qui m’attend. Ce n’est pas simple de mettre des mots sur l’expérience que j’ai vécue et que je vis encore. Mais j’ai tellement envie de partager ce vécu, de le dire, d’en parler avec d’autres qui sont sur ce chemin à différentes étapes. Certains l’ont déjà parcouru, d’autres comme moi viennent de passer un cap, et d’autres encore sont restés dans le fond de la caverne à croire que le théâtre d’ombre de leur vie est la réalité. Pour tous ceux là, il faudra bien un jour les accueillir, les accompagner dans ces traversées incertaines sur les mers déchaînées de nos expériences psychiques. Que vous soyez en pleine tempête où bien arrivés sur un rivage plus calme, tenez bons, mais surtout …

Lâchez prise !

Mon parcours d’éveil s’est fait dans un ordre un peu saugrenu. En général on vit et on engrange des expériences auxquelles ont vient donner du sens. Ces compréhensions successives et la primauté de l’expérience sur le sens sont le chemin habituel, d’un parcours d’Eveil, un chemin de l’extérieur vers l’intérieur, vers les profondeurs de la conscience. J’ai suivi un chemin différent, j’ai commencé par intégrer le sens, le savoir théorique a précédé tout savoir pratique ou d’expérience. J’avais peur de plonger dans la vie, j’avais peur de souffrir, j’avais même peur de me découvrir. J’ai lu tant de livres qui m’ont ouvert les yeux, qui m’ont guidé, qui m’ont enseignés… je continue de lire et d’y trouver matière à réflexion et à compréhension du monde et de moi même. J’ai compris les structures, les mécanismes, les schémas avant d’en faire la moindre expérience. J’ai cru pouvoir m’épargner la souffrance de vivre ainsi, tirer simplement les conclusions sans jamais pratiquer.

L’EVEIL n’est pas mental, c’est une renaissance complète à la fois physique, émotionnelle, sensorielle, intellectuelle, vitale. L’éveil ne peut advenir sans l’expérience de la douleur et de la perte, sans une rencontre avec l’ombre, l’inconscient, la mort (réelle ou symbolique). La traversée du voile ne peut se faire sans une destruction, une perte, un effondrement de ce que l’on croit être, de cette image de nous à laquelle on s’agrippe comme un radeau dans la tempête, à cette illusion de force et de maîtrise qu’on nomme l’EGO. J’ai du passer par le corps, par le physique, car mon mental aussi savant qu’il pouvait l’être était complètement bloqué. C’est donc l’effraction du corps, des sensations, l’ouverture en deux qu’à provoqué la névrite vestibulaire et puis ensuite la fracture du poignet. Je me suis faite ouvrir comme une huître, fracturée mais pas détruite, afin de découvrir qu’à l’intérieur le mollusque que je pensais fragile, avait des muscles d’une puissance inattendue. Accepter de montrer sa fragilité, de la mettre en avant même, de l’exposer à soi et aux autres, dire sa peur et ses souffrances, mettre des mots sur l’expérience de vivre pour guider les autres dans les méandres de leurs parcours.

Nous ne sommes pas 
ce que nous croyons être. 

Je est un autre, et me voilà libérée, sautant de joie à l’idée de n’avoir plus rien en commun avec ce Moi pesant, exigeant, parfois dictatorial. La légèreté ressentie après cette découverte, l’expérience de la joie est tout simplement le signe que je suis bien sur le chemin d’une nouvelle façon de percevoir la vie. Trouver enfin une forme de paix et d’équilibre qui n’est pas figé, mais à reconstruire sans cesse dans un dialogue infini avec soi même. L’éveil n’est pas un aboutissement, c’est un nouveau chemin qui s’ouvre à nous. Tout comme la mort n’est pas une fin en soi, elle est un passage vers un autre état d’être, vers un parcours qui continue car notre expérience touche à l’infini ! J’ai fêté mes quarante ans en début d’année, j’ai eu la sensation d’un basculement dans une nouvelle étape de ma vie, un avenir plus riche, dans lequel l’expérience de vivre ne m’effraie plus, mais va me permettre d’apprendre, de ressentir, de me (re)construire avec l’idée qu’il existe des dimensions multiples de notre être et de notre réalité. La certitude que rien ne nous limite autant que nos croyances, notre égo et nos peurs. L’envie de partager avec d’autres ce chemin d’apprentissage, ces nouvelles sensations, cette force qui nous anime tous.

Photo Marie Wasser

Merci a Stephan Schillinger de s’être trouvé là, au bon moment pour moi « Par un curieux hasard » car ses mots m’ont aidé à comprendre ce que je ressentais confusément. Un grand Merci à Aurélie A. de me l’avoir fait découvrir. Merci à tous ceux qui m’accompagnent dans ce parcours d’éveil : Charles, Aude, Laure, Emmanuelle et tous les autres… Merci aux rencontres étonnantes vécues depuis plus d’un an, aux synchonicités et aux couchers et levers de soleils qui continuent de me bouleverser. Merci aux plantes et à leur enseignement.

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Résister

J’ai toujours eu l’impression d’un léger voile entre moi et le monde, d’une sorte d’incompréhension.  Depuis quelque temps déjà je me suis mise à la marge, j’ai ralenti, je me suis décalée, loin du monde, mais malgré tout en prise avec ce dernier, comme chacun d’entre nous.

Depuis le mois de Mars et l’étrange sensation de rupture  que j’ai ressenti quand j’étais loin de la France et que les évènements se sont enchaînés, me voici passée dans une réalité parallèle. Mais ne sommes nous pas tous entrés de force dans cette nouvelle réalité ?

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Je ne sais pas ce qui est vrai ou faux des messages scientifiques, des querelles et des croyances sur ce virus sa dangerosité, sa létalité… J’avoue que je ne sais rien de tout ça. Mais je ressens profondément un état de peur et de sidération qui nous pousse collectivement à accepter ce que nous n’aurions jamais accepté avant :

la limitation de nos libertés individuelles et collectives

 

Je vois la peur de l’autre et la haine nous séparer sans fin.  Par mon attitude décalée, je me suis mise en rupture avec la société tout entière.  Je perçois que le monde marche sur la tête et que les injonctions de l’état, les demandes de protection et de sécurité ne sont pas liées qu’à ce virus aéroporté.  Je n’ai pas peur du virus, mais je ressens la peur de l’autre, la peur et le jugement.

Il ne nous reste que peu d’espace pour être humain ces derniers temps, le sourire même (l’arme fatale) nous a été retiré.  Nous voilà tous bâillonnés, acceptant plus ou moins notre état, certains convaincus d’aider les autres et la société, d’autres simplement pris dans la marche des obligations légales.

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De mon côté je ressens une forte résistance depuis le début.  Cette notion m’est venue très vite et je crois pouvoir mieux imaginer ce que pouvait être la « résistance » de l’époque de la seconde guerre mondiale.  Ce n’est pas l’héroïsme ou la morale droite qu’on nous a tant vanté, ce ne sont pas des « justes »,  ce sont  juste des gens qui ne pouvaient pas faire autrement. Ce sont des familles qui se sont déchirées, des amitiés qui se sont brisées, parce que ceux qui étaient « antisociaux », ceux qui étaient « des terroristes », que l’on dénonçait comme tels, ne pouvaient pas faire d’autre choix.

Ce qui est juste en ces temps incertains,
c’est ce que l’on ressent comme juste.

 

Il faut  s’armer de courage  pour aller contre la loi, contre les masses, contre la morale, contre la société tout entière. Il faut garder dans le secret de notre coeur  nos croyances et  nos convictions intactes.  Des croyances sur l’humanité qui se perdent parfois dans les méandres de l’histoire.  Aujourd’hui je sens que l’humanité de tout un chacun vacille et tangue.  Je vois des murs de la haine (sur Facebook), des déferlements d’injures, des exagérations des dénonciations. Je vois que chacun aime à surveiller son voisin, à donner des petits conseils amicaux, à dénoncer tout simplement ceux qui ne vont pas dans le sens de la norme. L’impression d’être partout comme à l’abattoir dans des rails qui nous guident vers la mort de l’humain.  Suivre les flèches, le sens de la marche, ne pas réfléchir et ne pas se rebeller.  Les regards apeurés, c’est tout ce qu’il nous reste pour communiquer.  La voie est tracée  il ne faut surtout pas s’en éloigner.

Je n’ai jamais été dans ce sens là ! L’anticonformisme et cette distance au monde me préservent aujourd’hui de la folie collective.  Je tente de trouver le réconfort auprès de ceux qui partagent mes idées, mais nombreux sont ceux qui partagent le constat sans tirer les mêmes conclusions.  Les antis-,  les réacs, les extrêmes… Je ne veux pas de vos cases, de vos jugements, de vos conseils, je veux simplement vous dire que ma résistance servira au delà de ma personne, comme exemple, comme espace de liberté, comme espace ouvert à l’autre, sans peur ni haine.   La haine et la peur sont partout, s’infiltrant sous le masque et les regards suspicieux de chacun de nous. Il faut cultiver la lumière en nous, même si cette dernière doit parfois s’éclipser pour pouvoir renaître.

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Comment résister ?  c’est toute la question.  Aujourd’hui ce sont les mots, demain je l’espère aussi les actes.  Il faudra bien suivre sa voie, la mienne a pris un chemin de traverse et ne trouve plus sa place dans la société actuelle. Décalée je suis, et décalée je resterai…