Chrysalide

J’ai toujours comparé mon lieu de vie à un cocon. C’est cette enveloppe douce qui me protège du monde extérieur, c’est le lieu idéal pour se reposer du monde. Ma maison est mon cocon, mon atelier aussi, tout est tourné vers l’intérieur, mon monde s’y déploie en petit dans les murs qui me protègent.

L’hiver dernier m’est venu la notion de Chrysalide, ce lieu de la transformation voué à s’ouvrir pour laisser sortir le papillon. Certains cocons le restent à jamais… Des centaines de milliers de larves de bombyx sont élevés chaque année, pour ne jamais sortir de leur joli cocon. Le confort du cocon c’est aussi la mort.

La chysalide, c’est accepter de se séparer d’une protection pour renaître sous une autre forme. C’est quitter un abri, délaisser le connu, le repli sur soi… trouver la force de percer la coquille qui nous enserre pour se déployer dans le monde. Un papillon quand il est dans sa chrysalide est appelé nymphe. La Nymphe ne se nourrit pas, elle est en stase, si l’on cherche des images, c’est aussi bien la nymphe du papillon que cette jeune personne diaphane issue des eaux.

Jean-Jacques Henner (15 mars 1829 – 23 juil. 1905)
Nymphe endormie

Je ressens une transformation qui se fait en moi. Une envie de me dépouiller de ce qui me pèse, de m’alléger de cette coquille qui m’enserre. Me voilà prête à m’envoler. Bientôt. Mais la transformation est un temps de crise.

Crise de foi

Il y a des moments où je perds pied, où je perds la foi. Je ne sais plus vraiment si je suis sur le bon chemin, je trouve la transformation douloureuse, oppressante, je me cogne dans cette maison immobile. La vie est terne, grisé, comme étouffée. Je doute de revoir un jour la lumière du jour, je somnole, je peste, je crie et je pleure. Ces passages sont des épreuves sur le chemin, de crises en crises pour peu à peu ouvrir les yeux et voir le monde autrement. Entre temps ça tangue et tout se déforme en moi. Mes émotions viennent me chavirer sans raisons, d’un moment à l’autre je ne suis plus la même.

Il y a la solitude inhérente à la transformation. Personne ne peut aider un papillon à naître, il doit trouver seul la force de se transformer puis de sortir au jour. Le soir, je regarde les lumières du couchant, elles sont flamboyantes, elles m’apportent un message d’espoir. Les couleurs du monde peuvent revenir à la faveur d’un coucher ou d’un lever de soleil. J’absorbe cette énergie de la vie, cette beauté qui m’est donnée, j’essaye de l’ingérer comme je peux.

Parfois les mots des autres viennent nous tirer de là, nous offrir quelques pas de côtés. En ce moment c’est Claire Studer qui m’inspire avec ses mots simples et qui m’accompagne en douceur sur le chemin vers l’abandon du cocon de soie pour se retrouver et traverser les transformations.


Photo de Julie Esteban

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