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Partir à la rencontre de soi.

Alors que le départ pour le Japon tant attendu approche, la panique me gagne et mes peurs anciennes reviennent. Je blâme la peur de l’avion, l’angoisse de laisser mon chez moi et mes chats, la peur de quitter mes proches et ceux que j’aime, en vérité je n’ai qu’une seule peur : celle de me retrouver face à moi-même. J’ai peur que ne me rattrape cette mauvaise image de moi, cette fragilité, cette incapacité… J’ai peur que mon corps ne m’abandonne, j’ai peur que la terre s’ouvre sous mes pieds, que le ciel me tombe sur la tête.  J’en oublierai presque l’excitation et la joie qui sont tapis dans le creux de cette peur.  L’excitation de la nouveauté, l’envie d’ouvrir  et d’étendre un peu plus mon univers. La joie de savoir que tout est possible et que ce voyage m’a appelée, choisie, presque autant que je l’ai voulu moi.

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C’est comme si je tentais de m’éprouver, de savoir si à des milliers de kilomètres de là je peux être moi. Je me souviens au Sénégal avoir eu l’étrange sensation de deux mondes distincts, deux univers parallèles, la force de la réalité du voyage, l’énergie et la vibration des couleurs, des êtres et de la terre qui les porte sont  différents d’un endroit à l’autre. Je sais que la réalité très forte, lié à l’expérience d’un lieu nouveau peut atténuer la sensation nimbée de ce quotidien que l’on traverse tous les jours, nous faire oublier la vie convenue et bien réglée.  Partir en voyage c’est aussi pour moi apprendre à apprécier ma vie telle qu’elle est, réaliser la chance qui est la mienne, arrêter pour un temps de me plaindre d’insatisfaction.

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J’attends avec appréhension le glissement vers ce pays de mes rêves, j’attends d’accueillir les sensations, les goûts, les couleurs et de voir ce qu’ils vont réveiller en moi.  Je sais que ce voyage de découverte sera en premier lieu, une découverte de moi même.  Voyager c’est comme tomber amoureux et se retrouver confronté à l’altérité.  C’est accepter son incomplétude et apprendre la joie de vivre, simplement.  Je  ne cherche que ça depuis des mois. Tout mon travail intérieur m’a amené à ce moment, ce lâcher prise ultime : quitter ma vie actuelle pour emprunter d’autres chemins et rencontrer d’autres personnes le temps de quelques semaines.  J’oscille entre des craintes irrationnelles, anciennes, de vieilles blessures d’égo qui me disent que je ne peux pas le faire et l’envie nouvelle de me découvrir par tous les moyens.

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J’ai longtemps repoussé l’idée du voyage me disant que ce n’est qu’une fuite et les vers de Baudelaire ne m’ont pas aidé à le voir autrement. Aujourd’hui, je sais qu’il est aussi un moyen ultime de présence à soi. Celui qu’on est une valise à la main face à l’inconnu n’est autre que notre moi enfantin pour lequel tout est découverte, apprentissage et jeu.

Ô Mort, vieux capitaine, il est temps ! levons l’ancre !
Ce pays nous ennuie, ô Mort ! Appareillons !
Si le ciel et la mer sont noirs comme de l’encre,
Nos cœurs que tu connais sont remplis de rayons !

Merci à Laurent Champoussin, dont les photos illustrent cet article, il sait à quel point certaines personnes ne s’ouvrent pas si facilement à l’oeil du photographe.

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Ces demeures familières

Je suis sensible aux espaces à la lumière, aux couleurs, à l’ambiance des lieux.  J’aime les vieilles pierres et ces maisons à courant d’air qui sentent le feu mort et le bois ciré. Ces lieux évoquent des souvenirs parfois précis, parfois plus vagues, d’anciennes mémoires que je ne trouve pas dans l’habitat froid et sans âme d’après guerre.

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A partir de ce canapé jaune découvert dans une expo photo et puis retrouvé en vrai quelques temps plus tard dans une ancienne demeure, j’ai voyagé ailleurs, plus loin dans mes souvenirs.  J’ai été jusqu’en Normandie dans cette grande demeure d’Angerval, où autrefois j’ai eu la chance de partager les repas et les fêtes d’une famille qui n’était pas la mienne.  Je me souviens des repas préparés pour une grande tablée toujours bruyante qu’elle parle français ou anglais, du feux dans la cheminée et de la meringue d’une Pavlova qui cuisait dans le four.  Je me souviens de ces longs couloirs distribuant des chambres ayant toutes une histoire et des boiseries de la bibliothèque refaites à neuf à la suite d’un incendie.  Je revois la carcasse du piano, blanc squelette de Pleyel sous la neige, devenue oeuvre d’art au jardin en mémoire de cet évènement tragique.  J’ai encore le goût des petites huîtres avalées par douzaines au lendemain du mariage de L.  Je me souviens des derniers mots prononcés par le patriarche de cette famille (aujourd’hui décédé) à mon attention.  Il m’a fallu du temps pour me détacher de ce lieu et de sa charge émotionnelle.  J’y suis retournée à l’occasion d’une séance d’hypnose et j’ai voulu revoir la sculpture de Roseline Granet qui orne l’entrée de la demeure.  Ce couple en apesanteur, dans l’énergie d’un mouvement perpétuellement figé m’a toujours touchée et l’expressivité de ces sculptures, ainsi que le fait qu’elles soient réalisées par une femme artiste n’a cessé de me hanter.

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Atelier de Roselyne Granet, moulages préparatoires en plâtre.

Les fantômes qui nous accompagnent tous, les liens qui nous unissent aux autres pour un temps, se défont et puis laissent des traces en nous, comme un sillon, une nouvelle ride au coin de l’oeil, la marque d’avoir trop pleuré ou rit. Je redécouvre mon passé à la lumière d’un éclairage nouveau.  C’est comme si j’étais enfin sortie d’un tunnel long et obscur. Comme si je m’étais éveillée d’un  sommeil peuplé de rêve récurrent, celui de l’impossible ascension d’une paroi toujours plus friable.  J’ouvre les yeux, je les frotte et j’essaye de comprendre comment je me suis moi même ensorcelée et à quel fuseau je me suis piquée pour avoir dormi si longtemps.

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 La couleur revient dans ma vie, peu à peu. Je passe du sépia au bleu, du gris au jaune… L’animal reprend ses droits.  Il y a des flamants, des tigres ou plutôt des chats. Je ne me lasse pas de redécouvrir le monde avec un regard plus aiguisé, moins anesthésié. Je dois me retrousser les manches, car le chemin est encore long du simple réveil de ma conscience au retour de ma capacité de créer. J’ai longtemps blâmé les autres pour m’avoir coupé les ailes, mais je sais aujourd’hui que j’ai été la première à m’arracher les plumes pour maîtriser ma peur de voler.

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L’énergie du passé

En ce début de printemps énergétique.  J’attends le retour du soleil et de sa chaleur avec impatience.  L’hiver a été rude et  je surveille avec avidité les premiers bourgeons, les premières fleurs. La sève monte doucement dans les rosiers, le chèvrefeuille précoce se pare de tendres pousses.  J’ai envie de renouveau, de bouger tous les meubles, de trouver enfin l’espace propice au travail et à mon épanouissement.  J’observe en moi un nouvel afflux d’énergie, de cette énergie un peu violente du printemps, la saison du vent, la saison du foie et de la colère selon les asiatiques.  Il s’agit de canaliser l’énergie, de na pas la laisser partir à vaux l’eau, ni se retourner contre moi même.

DSC04279Aujourd’hui je voudrais parler de la joie qui parfois m’envahit, surtout après des périodes d’abattement et de doute, de procrastination, quand enfin mes doigts s’agitent sur le clavier, sans limite et sans craintes.  Quand on sent les planètes s’aligner peu à peu et des portes s’ouvrir vers l’inconnu. Quand on abandonne la peur, pour plonger dans un renouveau qui nous chamboule tout à l’intérieur.  Quand on perd ses repères, quand on oublie qui l’on croit être pour devenir ce que l’on EST.   Ce printemps je l’attends de longue date, il marque pour moi le début d’un ère nouvelle.  Même si j’ai ressenti celà plus ou moins à chaque printemps, je sais déjà que celui là ne sera pas comme les autres.  Il y a cette force qui doucement grandit en moi, cet arbre qui reprend racines, cette envie d’ailleurs et en même temps d’être là. Et laisser apparaitre en moi les traces du passé.  Laisser affleurer l’étrange, l’autre, la voix d’outre tombe qui me susurre que tout va bien se passer.  Le passé nous travaille, il nous traverse et même sous la surface de l’eau, même caché loin en nous, il en subsiste des traces qui émergent lors des grandes marées.

DSC04291Comme ces dizaines de bunkers ensablés, disparaissant peu à peu dans l’oubli, laissant la guerre loin derrière. Ils sont sous l’eau et pourrissent doucement.  Ces gros blocs de pierre se morcèlent peu à peu. D’abord recouverts d’inscriptions et de peintures, pour revenir humain le temps de leur présence sur cette plage du bout du monde à la pointe du Cap Ferret.

Puis ils se sont enfoncés doucement dans le sable, sous le poids des regrets. La mer les berce dans ses bras et les traverse de ses vagues.

J’aime les couleurs fantômatiques qu’ils arborent, tout moussus, d’un vert surnaturel.  Il faut imaginer la mémoire qu’il portent, les soldats, la guerre,  la mort et la destruction. Certains semblent éventrés d’autres conservent des cables, et du matériel électrique rongé de rouille.  Comment croire à cette histoire du mur de l’Atlantique, cette époque où les plages dédiées aujourd’hui au pécheurs et aux vacanciers étaient couvertes de soldats et  l’objet d’âpres batailles.  J’ai besoin de retrouver cette mémoire, elle me suit partout où je vais, les signes sont là, il faut creuser, sous la surface.  Plonger en eaux troubles. La confiance et l’envie, remplaçant peu à peu la peur.

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Comme le dit si bien Low Roar dans sa chanson I’ll keep coming

Faintly I’ll go to take this head on
soon i’ll come around lost and never found
waiting for my words seen but never heard buried underground
but i’ll keep coming

Wipe those tears off and make your heart proud
soon i’ll come around lost and never found
waiting for my words seen but never heard buried underground
but i’ll keep coming

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Ces gens sans histoire.

Aujourd’hui, je me suis retrouvée chez l’osthéopathe avec le dos bloqué.  Plus aucune mobilité dans la nuque, le haut du dos dur comme un bloc de pierre, la respiration courte et quand l’osthéo m’a touchée le bassin pour tester ma mobilité elle m’a dit : « c’est simple, rien ne bouge ! »  Si je viens ici faire état de mes problèmes physiques,  c’est que chez moi le non dit tente toujours de trouver sa voix par le corps. Du coup deux heures de manipulation pour retrouver un minimum de mobilité et une conversation très intéressante sur les fascias* (un terme anatomique que je ne connaissais pas). Mais surtout, la fascination d’entendre quelqu’un que je n’avais jamais vu avant et qui ne me connaissait pas me dire des phrases comme « vous semblez porter un poids, un fardeau qui ne vous appartient pas », ou encore parlant de mon oppression thoracique « vous avez le coeur lourd » et ce n’était pas métaphorique.  Enfin j’ai été invitée à exprimer ma colère et à en apprécier la décharge d’énergie.

* Un fascia est une membrane fibro-élastique qui recouvre ou enveloppe une structure anatomique. Il est composé d’un tissu conjonctif dense non orienté, très riche en fibres de collagène et d’un epimysium (tissu conjonctif lâche). Les fascias sont reliés entre eux et forment un réseau complexe reliant le sommet du crâne au bout des orteils, de la superficie à la profondeur.
Ils sont connus pour être des structures passives de transmission des contraintes générées par l’activité musculaire ou des forces extérieurs au corps. Cependant, des recherches récentes montrent qu’ils sont également capables de se contracter et d’avoir une influence sur la dynamique musculaire.

La colère, c’est chez moi l’émotion interdite.  La colère c’est cette matière sombre que je préfère toujours ravaler, de peur de blesser les autres. Mais elle m’encombre la gorge depuis dans d’années.  La colère, c’est la possibilité de blesser, de rester incomprise, c’est aussi une énergie dont je me suis coupée volontairement. Ma colère m’effraye.  J’ai surtout peur de perdre mon image positive auprès des autres.  Là encore, montrer de la colère serait pour moi perdre la face, détruire cette image patiemment construite, cette illusion que tout va bien.   La colère, c’est ce qui sommeille en sous terrain, c’est ce qui me fait serrer les dents pendant mon sommeil et peut-être cette colère que je porte et que je crains d’exprimer n’est-elle pas non plus la mienne ?

Le plus fort de ma colère consciente est actuellement tournée contre mes parents, mais comment faire le moindre reproche à ces gens qui cherchent autant que possible à être des parents parfaits?  Il y arrivent en partie et c’est ce qui musèle ma colère… Ainsi récemment je me suis surprise à fondre en larmes en écoutant (et en chantant à tue-tête) cette chanson de Patrick Bruel « Qui a le droit« . Et ce  regard un peu perdu de Patrick tandis qu’il chante ces mots qui me touchent au coeur. A chaque fois que j’entends cette chanson, un frisson me parcoure, de ceux qui révèlent les grandes vérités dans les paroles des chansons populaires.

« A toi aussi, j’ suis sur qu’on t’en a dit,
De belles histoires, tu parles… que des conneries !
Alors maintenant, on s’ retrouve sur la route,
Avec nos peurs, nos angoisses et nos doutes.

Qui a le droit, qui a le droit
Qui a le droit d’ faire ça
A des enfants qui croient vraiment
C’ que disent les grands ? « 

L’air de rien, Patrick, il sait de quoi il parle. Et je le rejoins sur ce point, il faut arrêter de mentir aux enfants ! Mentir en leur racontant n’importe quoi ou mentir par omission (pour les protéger) cela revient au même.  Il faut raconter leur histoire aux enfants, leur dire d’où ils viennent et  comment ils ont été conçus.  Il faut leur dire le bonheur, mais aussi la souffrance et les doutes, il ne sert à rien  de cacher le passé, de l’oublier ou de le taire parce qu’il est douloureux et qu’il pose problème. Il faut tout dire, même le pire, même l’indiscible, il faut trouver les mots.  Sous peine d’engendrer plus de douleur encore.  Ces choses que l’on tait, ces secrets que l’on cache, c’est ce qui nous rend humain, c’est notre identité, tout autant que ce visage avenant que l’on aime à montrer.

Depuis que j’ose dire ma douleur et mes doutes, j’ai obtenu des autres plus de marques de sympathie et d’empathie que jamais.  Si j’apprends à dire ma colère rentrée, peut-être pourrais-je vivre en paix et enfin me sentir libre ?Caro 1

Cette semaine c’était mon anniversaire et tout ce que je voudrais comme cadeau, c’est pouvoir entendre mon histoire, pas seulement ce qu’il reste de bon souvenirs, mais aussi ceux plus sombres qui affleurent souvent dans l’air un peu triste de mon visage. Car malgré tous les efforts de mes parents, je n’ai pas été une enfant heureuse et aujourd’hui je suis en colère contre leur croyance qu’ils pouvaient l’un et l’autre s’affranchir de leur propre histoire, pour en construire une nouvelle à partir de rien, sur la base de leur amour.  L’amour et les bons sentiments ne suffisent pas, on a tous besoin de connaitre la vérité de notre histoire. Qui a le droit de juger ce qu’il est bon ou pas de dire aux enfants ? Patrick l’a bien compris, priver les enfants de la vérité c’est une facilité qui évite la douleur aux adultes mais pour en faire payer le prix aux enfants.

Un jour où l’autre, les sans histoires doivent retrouver la mémoire.

Car cette mémoire non conscientisée est partout dans notre être, dans nos cellules, dans notre corps, notre morphologie en témoigne. Je sais qu’on va me dire fille ingrate, indigne, d’étaler ainsi ma peine et mes petits tracas bourgeois.  Mais comme dans le corps des petits mouvements doux exercés sur les fascias permettent de remettre en place beaucoup d’éléments qui sont tous interconnectés.  Je veux croire que  mon mouvement de libération, si il fait quelques vagues autour de moi, si ma douleur trouve un écho dans la douleur muette de mes proches, c’est que ce lien avec eux qui m’a tant manqué existe bien, mais sous la surface, dans la profondeur de nos peaux.  L’osthéo a comparé le fonctionnement des fascias avec celui d’une couverture qui entourerait le corps, alors moi je tire un coin de la couverture, avec l’envie de voir ce qui se cache en dessous, sous la surface de la peau, dans ce moi viscéral.  Ma colère est là, dans les mots qui vont un jour sortir de moi, elle prend forme peu à peu.

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Leçon de ténèbres

Puisque l’année 2014 est écoulée, que chacun fait le bilan, les listes, les tops de l’année, j’ai envie de me remémorer les heures sombres que j’ai vécues. L’année dernière à la même époque, j’étais  dans le noir complet.  je venais de retraverser le deuil d’une relation aussi toxique que longue à laquelle je m’étais accrochée comme à une bouée  de sauvetage, luttant dans l’eau froide contre les courants contraires sans voir ma détresse ni les appels des autres et leurs mains tendues.  J’avais fini par m’enfermer dans cette détresse sombre, drapée dans cet amour noir qui brûlait en moi d’une douceur familière.

La période des fêtes a toujours été pour moi un moment de doutes, où l’on retrouve sa famille, mais pour partager quoi de plus qu’un chapon bien gras et une indigestion de chocolats.  Il y avait cette obligation, chaque année, d’être là et de traverser ces moments d’un temps partagé qui n’était pour moi qu’apparence et convenance.  L’année dernière j’ai zappé les fêtes, la famille, et j’ai pleuré de chagrin à la perte d’un animal qui m’étais cher.  J’ai refais le chemin des deuils, celui des douleurs grandes et  petites qu’on ne m’a pas toujours laissé exprimer et que j’ai appris à cacher, à enfouir en moi, pour ne pas peiner les autres avec ma souffrance, pour ne pas trop déranger. Puis j’ai retrouvé mon chat. Et dans l’angoisse de ne pas y arriver, j’ai commencé une nouvelle année.

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En 2014 peu à peu les choses ont changé en profondeur. Ce changement ne s’est pas fait sans douleur, sans résistance et sans angoisses, mais il est effectif et il procède d’une évolution profonde qui fait que je peux aujourd’hui savoir que l’année à venir me sera plus douce et plus riche.  Parce que j’ai appris la douceur le respect de moi.  J’ai appris tellement cette année ! J’ai changé pour devenir moi-même et pour assumer ma singularité, ma force et aussi mes faiblesses. La liste n’est pas exhaustive, mais je voudrais dire Merci à tous ceux qui au cours d’échanges et de discussions m’ont aidé à apprendre ceci :

  • J’ai appris à demander de l’aide sans crainte
  • J’ai appris l’humilité et la persévérance au contact des élèves de l’atelier d’écriture
  • J’ai appris à dompter ma peur de voyager et à deviner mon désir caché sous cette peur
  • J’ai appris que j’avais des sentiments et que les montrer n’était pas vraiment me mettre en danger
  • J’ai appris que ma douleur est partagée avec mes aïeux, que mon corps porte leur empreinte génétique et mes cellules leur mémoire vivante. C’est avec eux et non pas contre eux que je peux m’en libérer.
  • J’ai appris à dire oui, un peu plus souvent
  • J’ai découvert la méditation et le pouvoir du moment présent
  • J’ai appris à faire confiance, à ressentir les énergies, les synchronies, et à écouter mon corps
  • J’ai appris que la voix de ma conscience n’est qu’une réflexion de l’égo, je l’ai regardée en face et j’ai été choquée de ce que j’ai vu
  • J’ai retrouvé le goût de lire
  • J’ai appris à me laisser surprendre par moi même sans avoir l’impression de me perdre
  • J’ai redécouvert le plaisir simple de vivre libérée de toute culpabilité
  • J’ai appris que réaliser ses rêves ne signifie pas les faire advenir de toute notre volonté, mais parfois simplement les laisser venir à nous et savoir les accueillir

Il me reste tant de choses à apprendre, à découvrir et à expérimenter.  Ceux qui m’ont aidé dans ces apprentissages sont nombreux et ils se reconnaitrons.  Maintenant il s’agit de laisser libre cours aux mots pour raconter enfin cette histoire « d’une femme libre » qui me tient à coeur et que je porte en moi depuis plus d’un an.

Pour fêter le retour de la lumière dans ma vie et la joie de cette nouvelle année, je vous propose d’écouter ce canon de Pachelbel, qui résonne pour moi comme la joie pure.

 

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Présence

Ce weekend, j’ai participé à un stage de danse organisé par Claude Magne et la Compagnie Robinson sur le thème « présence et mouvement ».  La danse est entrée dans ma vie il y a quelques mois seulement, mais cette pratique me nourrit et ne cesse de questionner mon écriture. Loin de l’exigence de performance et de souplesse du  ballet classique et des pointes qui ont m’ont définitivement brouillée avec la couleur rose et fait croire pendant des années que ce n’est pas pour moi, me revoilà campée sur mes deux pieds, avec mon corps tout raide, toujours un peu trop grand et un peu trop maigre. La danse c’est cette expérience du corps qui se meut, qui s’émeut et loin de l’agitation de la gymnastique, c’est un temps de retour à soi pour se perdre et se retrouver.

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Au cours de ces deux jours, j’ai éprouvé des sensations nouvelles  à commencer par celle de serrer dans mes bras une quinzaine de personnes que je ne connaissais pas. Une expérience inenvisageable sans angoisses il y a quelques mois en arrière. Une manière d’entrer en relation avec les corps des autres à priori.  Les deux axes principaux de recherche étaient « la complétude plutôt que la perfection » et « la présence plutôt que la production ». Nous avons aussi beaucoup travaillé sur la conversation avec l’autre et l’ouverture à l’inattendu. Des termes qui peuvent sembler vagues, génériques, mais qui sont volontairement dénués d’affect pour que chacun puisse s’en emparer et le retranscrire dans sa démarche. Je me suis beaucoup jugée, mais de la part de tous les autres je n’ai ressenti que bienveillance et accueil.  Alors j’ai décidé d’accrocher mon ego au vestiaire et de laisser voir ce qui palpite doucement en moi.  Le samedi soir lors d’une longue impro, je me suis sentie envahie par l’émotion, l’impression de danser en portant sur mes épaules le poids de cette histoire passée, celle d‘Alice.  J’ai revécu sa lutte, sa douleur du moins ce que j’en sais. J’ai dansé pour elle, avec elle, en portant ses maux en étendard de mon malaise.

2ee3aa176d313379d27f993bcf93e53bLe second jour c’est un exercice fascinant d’altérité et de jeu de miroirs qui m’a permis de me confondre et de me voir dans le corps de quelqu’un d’autre.  De cette pratique, Claude a souligné qu’elle était un moyen d’allier technique et lâcher prise, intériorité et extériorité en passant par la médiation de l’autre, par la rencontre.

Ce stage m’a ouvert à moi-même, il m’a redonné l’envie d’improviser au piano et avec les mots.  Il m’a conforté dans l’idée que la technique d’écriture est maintenant suffisamment ancrée en moi pour que je puisse l’oublier un temps.  Elle ne va pas disparaitre, au contraire, c’est dans la pratique et dans un certain relâchement que je vais retrouver cette joie de la maitrise technique.

« Le mouvement n’est pas affaire de spécialiste mais de toute personne qui s’appuie sur sa présence incarnée, sensible, relationnelle, pour dire son « être au monde ». Démarche de découverte et de partage, loin de toute exhibition ou provocation. L’approche doit être douce et respectueuse afin que s’ouvrent les canaux de l’expression. » Claude Magne

Et puis il y a cette présence de l’absence que je commence à accepter, à mieux percevoir et à entendre monter en moi.  La présence de l’absence, c’est un terme employé par Jean-Claude Ameisen dans son émission sur les traces du passé qui m’a tellement parlé que je l’écoute et la réécoute en podcast depuis cet été.  A chaque nouvelle écoute je découvre d’autres informations, une richesse d’évocation qui m’avait échappée les fois précédente tant cette émission foisonne de mots qui me sont destinés.  Et à chaque fois l’émotion me saisit à la fin, les larmes coulent, sans que je comprenne bien pourquoi, la mécanique est claire et pourtant il y a ce surgissement d’un coup qui m’emporte.  Accepter ce qui parle en moi, cet autre qui m’effraye parfois, ce déséquilibre qui me rend difforme et que je cache, mais qui est au fond ma force et mon identité.  Je vais laisser faire le temps, laisser passer les jours, mais je sais que cette pratique m’a marquée dans ma chair, laissé le souvenir le plus profond, celui du corps libéré.

A lire aussi le formidable discours de Patrick Modiano sur son travail de romancier récompensé par le Prix Nobel : « Mais c’est sans doute la vocation du romancier, devant cette grande page blanche de l’oubli, de faire ressurgir quelques mots à moitié effacés, comme ces icebergs perdus qui dérivent à la surface de l’océan. »  Ecoutez ces mots qu’il laisse en suspend dans l’air, et dans lesquels passent la mémoire de tous ceux qu’il a écrit dans ses livres et des autres encore oubliés. Traversez ce discours fleuve, écoutez la voix douce et fragile d’un grand écrivain qui a écrit ce discours comme il écrit ses livres, dans le brouillard d’une route de montagne verglacée.

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Publiée

J‘avais évoqué précédemment une petite victoire sur la procrastination et mon syndrôme d’exigence élevée qui m’empêche toujours d’écrire, l’envoi d’un petit texte sans enjeu à la revue Chemin Faisant.  Eh bien c’est fait, la revue est sortie et mon texte figure en bonne place dans ces feuillets ivoire.

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Samedi soir, je me suis rendue à la fête de lancement du dernier nouveau numéro de Chemin Faisant autour du thème « Menu de nuit ». Dans le bric à brac des ateliers partagés de la Chiffone Rit, j’ai pu apprécier à nouveau l’univers éclectique et magique des créateurs de cette revue.

Chemin Faisant c’est une histoire de transmission entre parents et enfants, c’est ce qui m’a plut dans ce projet.  Une transmission de l’art, de la liberté et d’une utopie des mots libérés de tout carcans qui s’entrechoquent aux photos aux dessins, aux installations éphémères, aux sons plutôt hypnotisant du groupe C’est Bien Ben.  Avec un dessin réalisé pendant le concert.

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Ce qui m’a le plus touchée lors de cette soirée, ce sont les quelques retours sur mon texte « Mes nuits par le menu ». En effet en discutant avec l’équipe, j’ai été très surprise de leur enthousiasme et eux-mêmes se sont dit surpris de la liberté de ton du texte que j’ai envoyé.  En effet ce menu de nuit, m’a inspiré un texte à la fois culinaire et cul, les deux vocables me semblant toujours s’interpénétrer.

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Quand j’ai écrit ce texte, je l’ai d’abord beaucoup pensé, retourné, mis en bouche et les mots sont venus d’un coup, simplement dans la joie d’écrire libre.  Puis je l’ai lu, relu, corrigé, légèrement amendé.  J’ai commencé à le juger, commun, pas aussi bon que je l’aurais souhaité.  Je me suis dit que c’était tellement peu original qu’il serait sans doute recalé, pour sa médiocrité.  Pourtant certaines phrases me semblaient satisfaisantes et pour elles, j’ai fais le choix de l’envoyer, vite avant de le regretter.  Quelques semaines plus tard, un mail m’informait qu’il serait publié, j’en ai été touchée, rassurée et presque surprise.

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Là encore mon démon intérieur, l’Exigeant Paravent (E.P) tentais de scier en douce la branche de l’arbre sur laquelle je grimpais. Son travail de sape m’a poussé à ne plus relire le texte, le laissant abandonné dans un coin.   Samedi soir, quand j’ai reçu ces compliments venant de gens que je ne connaissais pas et qui n’avaient d’autre motivation que de me dire ce qu’ils en avaient pensé, j’ai décidé de le relire.  Finalement, la musique des mots m’a reprise, et je suis heureuse de cette première publication.  Un petit extrait ci-dessous.

Au menu de mes nuits, il y a en guise d’amuse-bouche des coquelicots fardés, lardés de barde grasse et de barbe mangés. A la langue de veaux débitée en tronçons, je préfère l’escargot au beurre d’ail.  Gastéropode que l’on tire de sa coquille à l’aide d’un petit pic dont les pointes fourchues viennent me chatouiller la plante des pieds.

Mes derniers textes publiés l’ont été dans le journal du collège il y a presque 20 ans, ensuite j’ai écrit dans plusieurs blogs, et  j’ai créé un magazine de tricot en ligne. Je passe mon temps à écrire et pourtant, qui me lit ? J’écris pour juger les autres, C’est mon travail… Comment dans ces conditions me libérer ce de juge si exigeant ? Sans doute en écoutant vos retours.  Si ce premier texte vous intéresse, je vous invite à découvrir la revue Chemin Faisant en vente à Bordeaux à la Machine à Lire (tous les points de vente).  Merci à toute l’équipe pour leur confiance et leurs encouragements, je serai au RDV du prochain numéro « Douze ». Bonne lecture à tous et n’hésitez pas à me dire ici ce que vous en avez pensé.

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Toutes les photos de cet article sont de Solweig Cheron, merci pour ce prêt.

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Changer

Je me suis souvent sentie pleine de paradoxes, ne sachant pas entre une posture et une autre laquelle était vraiment moi et laquelle était une simple réaction. Un jour j’ai dit sur un autre de mes blogs que j’étais versatile.  Je sais que ce qualificatif a des connotations négatives, mais c’est ce que j’ai trouvé de plus juste pour qualifier les fluctuations de mon esprit.  Je change souvent, sans toujours bien savoir qui je suis. Ces derniers temps, j’ai beaucoup travaillé sur le sujet de mon identité, recherchant mes racines dans des histoires anciennes et questionnant également l’image que j’ai de moi-même, la confrontant à celles que me renvoient les yeux des autres comme autant de miroirs déformants. Peu à peu, j’ai changé. Changer prend du temps, mais c’est toujours plus rapide que le temps que l’on passe à ne pas vouloir changer, à tenter de sauver les apparences pour les autres et surtout pour soi. Attention quand je parle ici de changer, ce n’est pas changer pour devenir autre, pour être mieux qu’avant, c’est changer pour devenir soi. Pour être plus en contact avec ce que nous sommes vraiment, notre Être, notre essence. La force du changement, c’est que bien qu’il ait lieu sur un plan psychologique, on en ressent également les bénéfices sur le plan physique.

Les 4 étapes fondamentaleClose-up_web-7_440s du changement (tirées de ma propre expérience). Je tire ici les conclusions des dernières semaines et des derniers mois passés à changer. Le changement est un processus, il continue de faire son oeuvre, mais j’ai à présent une vision plus claire de l’ensemble des étapes et je vous les livre ici, sous forme de considérations générales.  J’insiste sur les sensations physiques décrites à la fin de chaque étape qui ne sont pas toujours les mêmes selon les personnes.

Le chemin du changement est semé d’embuches, de la prise de conscience d’un malaise ou d’un manque à la réalisation que l’on a finalement résolu son problème, il faut s’armer de patience.

 1 La prise de conscience est un premier pas.

Close-up_web-15_440Parfois lente, parfois brutale, elle est souvent retardée par la peur, l’idée qu’en confrontant son problème, on va encore l’aggraver.  En effet après la prise de conscience la spirale de la lutte et ses douleurs arrivent. On ressent souvent de la colère et de la rancoeur qui redoublent la douleur d’être soudain confronté à soi-même et à ses problèmes.  Toutes ces choses que l’on voudrait toujours oublier mais qui sont bel et bien là présentes et à la vue de tous. Vivre sans prise de conscience revient à danser  sur un plancher à trous. On recherche la joie et la légèreté en essayant d’oublier l’angoisse de se tordre les chevilles à chaque instant. Certains dansent, aussi vite qu’il le peuvent, et pensent par le mouvement perpétuel pouvoir oublier les trous du sol sur lequel ils évoluent en funambules.  J’ai choisi de rester dans un coin de la pièce et d’observer froidement  les écueils et renonçant à la danse. Les anglais ont cette expression que j’aime bien pour évoquer le non-dit ils disent « an elephant in the room »  ce truc absolument énorme,  que tout le monde voit, autour duquel on tourne, mais dont on ne veut pas parler et que l’on feint d’ignorer. Quand le non dit est verbalisé, quand la prise de conscience a lieu et qu’un premier pas vers le changement est effectué, à  ce moment on ressent un certain soulagement.  C’est un soupir d’apaisement qui vient en premier, parfois aussi une grande fatigue ou un état de confusion si la prise de conscience à été brutale.

2 La seconde étape du changement c’est  la lutte ou la résistance.

Close-up_web-17_440C’est le moment le plus douloureux, le plus pénible, c’est celui qui fait rebrousser chemin, souvent on oscille entre prise de conscience et résistance.  On se demande pourquoi la prise de conscience ne fait pas miraculeusement advenir le changement tant attendu.  On a tellement été habité à voir ces moments de  « break through », c’est à dire de révélation, où soudain dans la prise de conscience un changement s’opère instantanément.  La prise de conscience réoriente l’esprit, mais pas les actions ni les habitudes qui sont le plus difficile à changer. En réalité de nombreuses personnes  sont tout à fait conscientes de leur problèmes.  Ce qui leur échappe (et c’était mon cas) ce sont leur mécanismes de défense, leur mode de lutte qui s’activent dès qu’ils tentent de changer.  Ces mécanismes s’activent à notre insu pour  perpétuer des schémas mentaux (le plus souvent protecteurs et défensifs) issus de l’enfance. On a alors l’impression de lutter contre soi-même, de se perdre, de s’écrouler.  La lutte peut prendre la forme d’une certaine violence, d’une grande colère, elle peut aussi se muer en dépression, elle fait toujours souffrir. Quand on veut y échapper  elle prend aussi la forme d’une fuite dans les drogues ou l’alcool.  Le moment de lutte est celui où on se replie, les épaules rentrées vers l’intérieur, la tête basse, on se protège, on est sur la défensive, elle se caractérise par une tension générale du corps, des maux divers et beaucoup de douleur.

3 La troisième étape c’est l’acceptation.

Close-up_web-41_440Cette étape est cruciale et reste la plus mystérieuse, la moins étudiée et décrite. L’acceptation d’un état de fait bancal, l’acceptation de son propre malaise. Cette étape d’acceptation est essentielle, c’est aussi l’étape qu’on appelle « lâcher prise ».  J’en ai déjà parlé parce que je croyais que lâcher prise était un synonyme de faiblesse, d’abandon de la lutte, de retour en arrière. Comme il m’était impossible de lâcher prise, je me refusais cette acceptation. Pourquoi me plier à des lois que je ne reconnaissais pas ?  Le rejet, le doute, la remise en question, tout phénomène de justification de nos souffrances et de nos douleurs est le signe que cette étape d’acceptation n’est pas accomplie.  L’acceptation c’est aussi prendre conscience que le risque n’est pas celui  que l’on croit, que nos peurs nous tiennent, nous dirigent et nous définissent plus que nos désirs. L’acceptation n’est pas une posture mentale qui peut être feinte, c’est le passage le plus difficile et c’est elle qui marque le véritable changement. L’acceptation c’est aussi et surtout s’accepter soi-même et apprendre à mieux se connaitre. L’acceptation vient du coeur, elle libère les tensions dans tout le corps,  principalement dans le haut du dos, les épaules, les trapèzes. Elle s’accompagne d’une sensation de légèreté, de douceur, de bien être et parfois d’euphorie.

4 La dernière étape est à nouveau une prise de conscience.

Close-up_web-8_440Celle ci a lieu quelque temps après la lutte et l’acceptation,  alors que la situation s’est apaisée, que l’on retrouve un nouvel équilibre, un jour sur un petit détail on se dit « J’ai changé » ou le plus souvent on nous dit « tu as changé ». Vous avez remarqué qu’on ne dit jamais « je change » ?  Pourquoi ? Parce que quand on dit j’ai changé, ce n’est pas pour évoquer un changement radical lié à notre Être, mais plutôt un changement de posture de notre égo vis à vis de ce que l’on est, un pas supplémentaire dans l’acceptation de Soi. Au moment où l’on change, ce que l’on  pourrait dire c’est « je souffre, je lutte, je suis perdu, j’ai peur » toutes ces choses que l’on ne peut pas dire et qui sont difficilement acceptées socialement alors on ne dit rien et on attend le retour du calme, soit en retournant à son état de malaise initial si on ne parvient pas à l’acceptation (après tout c’était pas si mal et bien moins pire que de traverser les prises de consciences et la lutte pour s’accepter) soit en acceptant ce qui vient sans jugement, avec bienveillance et douceur. Notre corps et notre regard intérieur sont à nouveaux alignés, il y a de l’harmonie, de la joie et plus de stabilité à l’intérieur pour affronter les prochaines tempêtes. Mais aussi une meilleure conscience de notre fragilité et une forme d’ouverture intérieure.

Conclusion

Alice

Alice Guilhem 2.7.1901 – 10.01.1941

Le plus important dans le changement, c’est qu’il doit être l’occasion de se rapprocher de soi, de se révéler à soi-même.  Si vous changez pour devenir autre, pour vous fuir, parce que vous vous jugez, ce changement restera superficiel et il n’apportera que plus de résistance  et de douleur dans votre vie.  Changer, c’est s’accepter de plus en plus, se reconnaitre dans son unicité.  Paradoxalement beaucoup de changements passent par une reconnexion avec celui ou celle que nous avons été enfant.  Changer c’est travailler son identité, mais sur le mode de l’Être et pas sur celui du paraitre, de l’apparence, ni même pour faire plaisir à d’autres.  On change pour soi, pour devenir un peu plus celui que l’on est, pour ouvrir à notre Être de nouvelles perspectives.  C’est pourquoi j’ai choisi d’illustrer cet article avec quelques portraits de la série « Français » de Seb Lascoux.  Allez la découvrir dans son intégralité, elle est régulièrement augmentée de nouveaux visages et tous ces visages tellement différents ont au fond des traits communs, une beauté partagée, celle d’un sentiment d’identité partagée, qui n’a rien à voir avec des théories politiques de gauche ou de droite.  C’est dans la diversité, dans le multiple, et dans le versatile que l’on définit le mieux l’identité de chacun. Dès que l’on est enfermé dans une catégorie, coupé de notre complexité, de nos racines, de ce que l’on porte en soi d’unique, on est mutilé, on est nié, on est jugé. Le regard du photographe, par un dispositif égal pour tous, nous donne à voir au delà de l’apparence, ce qui nous relie les uns aux autres. Je le remercie pour sa confiance et le prêt de ses images.

Toutes les images de cet article excepté la dernière sont tirées de la série de portraits « Français » photos de Seb Lascoux.

    Changer tout seul  ?  Pas si facile. Si vous devez un jour effectuer un travail sur vous même pour évoluer, je vous invite à vous faire accompagner.  Beaucoup de personnes (et j’en ai fais partie) pensent encore qu’aller voir un psy ne se justifie que si l’on est un peu fou, ou dans un état de souffrance intenable, de même si vous êtes artistes ne craignez pas d’y perdre votre créativité en vous libérant de vos névroses.  J’ai longtemps pensé pouvoir résoudre mes problèmes directement sans l’aide d’un tiers, mais aujourd’hui je sais que cette démarche m’a été salutaire.  Il faut choisir la bonne personne, l’approche qui vous convient, mais rappelez vous que vous êtes en charge du gros du travail.  Le thérapeute est là pour vous accompagner et vous guider avec bienveillance, dans une écoute active, ce qui n’a rien à voir avec l’écoute que peuvent vous apporter vos amis et de vos proches.

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Papier Addict

En ce moment j’écris principalement sur ordinateur, efficacité oblige.  Mais j’aime beaucoup écrire sur des carnets, des cahiers,  oui j’aime le papier.  J’aime envoyer des lettres et en recevoir.  La surprise quand on ouvre la boite aux lettres de voir notre nom écrit à la main. Le choix du papier, de l’enveloppe, du timbre même parfois.  C’est un poncif depuis l’avènement du téléphone portable, des mails, des messageries instantanées, nous ne recevons par la poste que des factures, d’éventuelles fiches de paye et autres incentives administratives.   Quand avez vous reçu pour la dernière fois une lettre écrire à la main ? Décacheter l’enveloppe, toucher le papier choisis, lire les doutes, les ratures, les mots formés par l’aléatoire de la graphie.  Personnellement j’ai échangé pendant mon adolescence des nombreuses lettres avec mes amies, même si on se voyait tous les jours au collège, on s’écrivait des mots.  J’ai tout gardé.

DSC03044J’aime le papier !

C’est pourquoi je soutiens les initiatives de ceux qui tentent de redonner tout son sens aux correspondances.

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Comme Laurent Champoussin, photographe, qui propose un abonnement « de la correspondance » pour recevoir tout au long d’une année, un carnet de bord photographique et quelques mots écrits au gré de ses pérégrinations. Avec tout le soin et l’inventivité que Laurent porte à ses projets, jusque dans les plus petits détails.

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Je salue aussi  l’idée de ces deux designeuses graphique bordelaise de faire revivre un ancien procédé typographique le « Letterpress » sur une machine Heidelberg de 1947 dans leur atelier Riverside Press situé en plein coeur de Bordeaux.  Je me suis d’ailleurs offert quelques cartes postales que je vous propose de  recevoir à votre tour, un début de correspondance entre vous et moi.

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Autre trouvaille locale, les monographies d’illustrateurs sous forme de cartes postales éditées par l’assocation n’a qu’un oeil.

Laissez moi un message avec votre adresse pour recevoir une petite carte !

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Mauvais goût

La question du goût -et notamment du bon goût- se retrouve dans tous les domaines que je touche du doigt ou du bout de la langue.  Or j’ai vécu la semaine dernière une expérience inédite qui m’a quelque peu fait réfléchir.  J’ai été invitée à une dégustation de vins, par un journaliste émérite de Terre de Vins qui me fait régulièrement rêver et voyager virtuellement des papilles grâce aux réseaux sociaux.  J’avoue être amatrice de vins, surtout depuis mon retour à Bordeaux où j’ai très vite compris que si je voulais  nouer des relations il allait me falloir jouer du tire bouchon et du couteau à huîtres.  Bref je n’y connait rien, mais j’aime bien !

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Me voici donc embarquée sur une péniche à quai, judicieusement nommée « la balle au bond », comme cette invitation que j’ai acceptée sans trop savoir dans quelle galère je m’engageais.  Arrivée à bord, on m’a donné mon paquetage : un  verre Riedel et  un dossier de presse conséquent sur la vingtaine de vins présentés.  Après un bref discours, je retrouve mon initiateur  qui m’indique la marche à suivre. D’abord regarder, puis sentir et enfin goûter, mais attention il faut cracher.  Le crachoir est un ustensile assez barbare que  je trouve peu féminin, je ne sais pas pourquoi,  donc je rechigne un peu au début à l’utiliser.  Mais devant l’ampleur de la tâche et après un petit rappel sur l’importance de la rétro-olfaction, je finis par glavioter après chaque gorgée.

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Puis vient la première question : « tu en penses quoi ? »  Cette question qu’on entend après les films au cinéma, au cours d’un repas, après l’amour parfois… C’est une question qui fait basculer dans le jugement, finis le ressenti, la sensation doit trouver son exutoire en mots choisis. Dès qu’il faut donner son avis, on  dévoile à la fois ses goûts, mais aussi sa culture, ses connaissances et lacunes. Donner son avis dit tout de nous. J’en sais quelque chose, c’est mon métier. Je répond ce qui me passe par la tête, en essayant de ne pas trop me mouiller, mais c’est jamais facile sur un bateau.  J’ai l’impression de décevoir, qu’on lit en moi mon manque de connaissance, mon inculture et mon goût parfois douteux.  Ma réponse n’est sans doute pas aussi élégante, ni élaborée que je l’aimerai.  Mais il faut bien en passer par là, la culture, le goût, ne viennent qu’en pratiquant, en je jetant à l’eau,  en élaborant des jugements que l’on révise ensuite, une fois qu’on a appris. Le mauvais goût c’est sans conteste l’école de l’humilité, car nos croyances sont sans cesse questionnées par le bon goût des autres.

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J’ai ensuite retrouvé un ami de longue date, qui revenait d’un voyage initiatique au Pérou.  Cette quête chamanique à base d’Ayahuasca et d’autres plantes locales réputées pour leurs vertus thérapeutiques et hallucinogènes, ont amené mon ami aux confins du confort physique.  De ce qu’il m’en a raconté, c’est après avoir vomi la décoction de plantes ingurgitées que cette dernière fait effet.  Le temps d’attente, de malaise et de profonde détresse corporelle avant d’atteindre ces  moments de plénitude, de  compréhension et de contact avec la plante, sont perçus par certains comme un mal nécessaire.  Comme si il fallait se purger de certaines énergies négatives avant d’atteindre l’illumination.

DSC02591J’ai pris récemment conscience à la lumière de ces expériences que toute forme « d’expression » est bonne à prendre.  Les mots ne sont que l’expression de notre cerveau, mais le corps s’exprime avec plus de force et souvent par des moyens considérées moins élégants.  Au delà du bon goût, il a nos  affects, notre histoire qui fait que l’on préfère la douceur à l’acidité, que l’on est plus sensible aux tanins, au poivré, qu’une odeur nous évoque un souvenir et d’autres nous échappent, car elles n’ont pas été fixées avec la même force émotionnelle dans notre mémoire.

Les mots sont souvent un palliatif, un moyen de tourner autour du pot, par périphrases, on évite ainsi la gène de s’exposer directement à la critique et au jugement.  J’ai  depuis peu des flashs où je me met à crier, sans raison apparente, si ce n’est exprimer ce qui est resté trop longtemps contenu. Ce cri primal, que je m’autorise à peine à évoquer, retentit dans mes rêves, dans mes méditations au yoga, sans que je comprenne pourquoi.  Je crois que j’ai quelque chose à dire et un furieux besoin de me faire entendre.