En ce début de printemps énergétique. J’attends le retour du soleil et de sa chaleur avec impatience. L’hiver a été rude et je surveille avec avidité les premiers bourgeons, les premières fleurs. La sève monte doucement dans les rosiers, le chèvrefeuille précoce se pare de tendres pousses. J’ai envie de renouveau, de bouger tous les meubles, de trouver enfin l’espace propice au travail et à mon épanouissement. J’observe en moi un nouvel afflux d’énergie, de cette énergie un peu violente du printemps, la saison du vent, la saison du foie et de la colère selon les asiatiques. Il s’agit de canaliser l’énergie, de na pas la laisser partir à vaux l’eau, ni se retourner contre moi même.
Aujourd’hui je voudrais parler de la joie qui parfois m’envahit, surtout après des périodes d’abattement et de doute, de procrastination, quand enfin mes doigts s’agitent sur le clavier, sans limite et sans craintes. Quand on sent les planètes s’aligner peu à peu et des portes s’ouvrir vers l’inconnu. Quand on abandonne la peur, pour plonger dans un renouveau qui nous chamboule tout à l’intérieur. Quand on perd ses repères, quand on oublie qui l’on croit être pour devenir ce que l’on EST. Ce printemps je l’attends de longue date, il marque pour moi le début d’un ère nouvelle. Même si j’ai ressenti celà plus ou moins à chaque printemps, je sais déjà que celui là ne sera pas comme les autres. Il y a cette force qui doucement grandit en moi, cet arbre qui reprend racines, cette envie d’ailleurs et en même temps d’être là. Et laisser apparaitre en moi les traces du passé. Laisser affleurer l’étrange, l’autre, la voix d’outre tombe qui me susurre que tout va bien se passer. Le passé nous travaille, il nous traverse et même sous la surface de l’eau, même caché loin en nous, il en subsiste des traces qui émergent lors des grandes marées.
Comme ces dizaines de bunkers ensablés, disparaissant peu à peu dans l’oubli, laissant la guerre loin derrière. Ils sont sous l’eau et pourrissent doucement. Ces gros blocs de pierre se morcèlent peu à peu. D’abord recouverts d’inscriptions et de peintures, pour revenir humain le temps de leur présence sur cette plage du bout du monde à la pointe du Cap Ferret.
Puis ils se sont enfoncés doucement dans le sable, sous le poids des regrets. La mer les berce dans ses bras et les traverse de ses vagues.
J’aime les couleurs fantômatiques qu’ils arborent, tout moussus, d’un vert surnaturel. Il faut imaginer la mémoire qu’il portent, les soldats, la guerre, la mort et la destruction. Certains semblent éventrés d’autres conservent des cables, et du matériel électrique rongé de rouille. Comment croire à cette histoire du mur de l’Atlantique, cette époque où les plages dédiées aujourd’hui au pécheurs et aux vacanciers étaient couvertes de soldats et l’objet d’âpres batailles. J’ai besoin de retrouver cette mémoire, elle me suit partout où je vais, les signes sont là, il faut creuser, sous la surface. Plonger en eaux troubles. La confiance et l’envie, remplaçant peu à peu la peur.
Comme le dit si bien Low Roar dans sa chanson I’ll keep coming
Faintly I’ll go to take this head on
soon i’ll come around lost and never found
waiting for my words seen but never heard buried underground
but i’ll keep comingWipe those tears off and make your heart proud
soon i’ll come around lost and never found
waiting for my words seen but never heard buried underground
but i’ll keep coming