Pour continuer mon voyage, j’emprunte à Ozu ce titre évocateur. En effet deux semaines après mon arrivée, on peut dire que j’ai vraiment pris goût à la vie japonnaise. Même si tout me reste étranger, je me sens bien ici. Il m’est impossible de résumer ce que j’ai vécu pendant les dix jours de stage à Fujino. Je tiens à en donner un compte rendu complet, détaillé avec des photos de qualité pour remercier tous ceux qui m’ont aidés à réaliser ce rêve en participant financièrement. Je ferai ça sur mon blog l’atelier de Mademoiselle C à mon retour.
Le retour a Tokyo a été plus serein, j’ai enfin compris les subtilités du métro et la nécessité de prévoir toujours au moins une heure de plus pour chaque déplacement, car on n’est jamais à l’abris de prendre un train express qui vous emmènera très loin en quelques arrêts. Il faut ensuite revenir sur ses pas, chercher, tourner, se renseigner auprès d’agents toujours bienveillants, mais pas toujours anglophones. Comme tout est compliqué, il faut apprendre à prendre son temps à le perdre. J’ai placé ce voyage sous le signe de la patience et de l’apprentissage, la petite statuette du Dharma de la patience trouvée dans l’antre d’une quilteuse de Sashiko m’accompagne à présent.
Depuis samedi je suis à Kyoto et la ville me semble étrangement décalée dans le temps, avec un petit air vintage des années 70 ou 80. Moins technopolis que Tokyo, plus tournée vers le passé, avec ses temples bondés de visiteurs et les nombreuses tenues traditionnelles que l’on voit dans la rue le dimanche portées par des jeunes et des moins jeunes. Le kimono est encore une culture vivante et on sent tout le soin dans l’habillement, les accessoires, la coiffure et le maquillage de ces mini geishas. Au musée d’art contemporain de la ville, en traversant une collection permanente de piètre qualité dans laquelle trois Duchamps se courent après, je suis frappée de me retrouver face à une photo représentant des japonais au musée du Louvre qui regardent le radeau de la méduse de Géricault. Me voilà à Kyoto dans un musée en train de regarder une oeuvre qui représente des japonnais face à un tableau bien connu qui se trouve dans mon pays. étrange mise en abîme de l’art qui se regarde le nombril et qui finit par ne plus rien vouloir dire.
Ce soir lassée d’avoir marché toute la journée sous un soleil de plomb, j’ai atterri un peu par hasard dans un bar servant des spécialités Belges, une carte de bières longue comme un roman d’Haruki Murakami et des moules sans frites en spécialité. Le patron, un jeune homme à lunettes que je reconnais car il y a sa photo dans la carte sur la page des recommandations, m’explique qu’il est allé en Belgique il y a 3 ans. Je m’amuse de n’y être encore jamais allée alors que je vis dans le pays juste à côté. Il me sort trois albums de photos, les images de son voyage, un album entier de photos des plats qu’il a mangé et un autre pour les visites d’églises et cathédrales en tous genres. Je me dis qu’on fait tous la même chose, on prend des photos des curiosités locales à savoir la nourriture et les monuments historiques et religieux. C’est peut être ce qu’il reste de l’art quand le temps passe ? Un goût familier, l’impression que la nouveauté se décline à l’infini et que ce qu’il reste, les cendres du passé, sont le sel de la terre qui nous nourrit.
Merci de partager tes impressions sur le Japon! Je te souhaite encore plein de belles découvertes, profites-en bien,
Marion