Lâcher prise et « what if » fiction

Dans notre société de compétition et d’apparence, le lâcher prise et l’acceptation sont des notions dépréciatives. Seuls les faibles abandonnent sans se battre. Nous voulons toujours gagner de haute lutte et principalement contre nous même. C’est la violence, la contrainte et la tyrannie qui font loi.  J’ai pourtant découvert avec le yoga la puissance du lâcher prise et la force extraordinaire qui se développe dans l’abandon. Quand au lieu de se contraindre on se laisse aller en douceur aux règles de l’attraction terrestre par exemple.  Certaines postures vont beaucoup plus loin quand on les travaille dans le relâchement. On sent alors à quel point nos tensions, nos exigences et notre maintien pèsent sur notre corps.

928La puissance du lâcher prise reste ignorée dans notre culture occidentale, la nature doit être contrainte, rééduquée car elle est fondamentalement mauvaise.  Nous vivons encore dans des croyances anciennes issues des heures sombres du catholicisme que nous soyons croyants ou pas, ces idées nous baignent.

Et si…

Lâcher prise, c’est aussi accepter qu’il n’y a que l’instant présent qui compte. Le contrôle que j’exerce sans fin n’est pas un contrôle du présent qui par définition me file dans les mains.  C’est un contrôle du futur.

Yogi_chakrasana

Si je parle aujourd’hui de lâcher prise, c’est que j’en connait un rayon sur l’auto-contrôle et l’auto-surveillance. Depuis peu, j’ai découvert que travailler mon lâcher prise consiste principalement à éviter de me raconter des histoires, à ne plus inventer les  situations possibles à l’infini si je fais celà ou ceci.  Il est très difficile pour moi de ne pas imaginer l’univers des possibles, d’arrêter de me raconter des histoires sur ce qui pourrait ou devrait se passer.  Le but est d’arrêter de se projeter dans le futur pour vivre au présent.

Pour lâcher prise, il faut être bienveillant envers soi-même,  l’occasion de se rendre compte que la plupart des éléments fonctionnent en homéostasie, et que tenter de tout contrôler est épuisant. Aussi rassurant qu’angoissant ! Ce contrôle, loin de nous protéger comme on aime à le croire, nous oblige à lutter sans cesse contre nous même à nous épuiser, il nous fait perdre de vue notre nature profonde.  Je ne sais pas ni la nature de l’homme est bonne ou mauvaise, loin de moi l’idée d’en juger, mais je sais que vivre en accord avec soi même est infiniment plus léger.

Lâcher prise pour moi c’est raconter toutes les histoires sur papier pour éviter que leur présence opressante ne parasite mon quotidien, comme ça a été le cas pendant longtemps.

Un exercice quotidien

Le lâcher prise ne se décide pas en un jour, il se travaille au quotidien, comme une gymnastique de la pensée, pour lutter contre l’hypercontrôle, rien de tel qu’une vigilance bienveillante, une observation sans jugement, la posture du yogi envers lui même quand il pratique ses exercices.

En pratique

Je commence par m’observer et relever les moments où je cherche à me contrôler ou à contrôler les autres,  je note les scénarios futurs que j’associe à ces actions.  La plupart de ces scénarios, ne se réalisent jamais, mais au cas où j’y ai pensé. Ainsi je conjure mes peurs, en les étalant un peu partout, et puis comme je n’ai jamais essayé de lâcher prise, comment savoir vraiment ce qui va arriver ? Cette surprise, cet inconnu, c’est ce qui m’effraye le plus.  J’essaye aussi de me libérer de la croyance : si je lâche prise à un moment, je vais rapidement perdre pied et ne plus rien contrôler.  Ma capacité de contrôle et d’intervention sur  ma vie n’est pas abrogée, je décide juste de ne pas intervenir et de voir ce qui arrive de temps en temps.

Comme l’exercice n’est pas évident pour les Control Freaks dans mon genre, il est recommandé de commencer à lâcher prise sur des petites choses,  pour ensuite essayer de faire le même travail avec un peu plus d’enjeu.

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