J’ai traîné les pieds avant d’aller voir LE FILM, celui dont tout le monde parle depuis des semaines, celui qui à failli gagner l’oscar du meilleur film et puis finalement non… Bref j’ai fini par découvrir mi-amusée, mi ennuyée le film LA LA LAND de Damien Chazelle.
Ce film m’a fait l’effet l’effet de montagnes russes, passant tour à tour de l’agacement à l’ennui face aux scènes de comédie musicale plus virtuoses dans leur réalisation que charmantes. A un moment je me suis dit que ce film n’allait être qu’une bluette de plus, l’histoire d’une romance qui commence mal et qui sonne faux. Tout comme l’agressif klaxon du personnage masculin qui donne le ton de la première rencontre entre les deux personnages et devient ensuite le rappel violent de l’urgence à réussir qui anime les deux personnages. Deux losers aussi magnifiques qu’ambitieux se consolent l’un l’autre, s’ouvrent l’un à l’autre, s’encouragent à poursuivre leurs rêves, jusqu’à ce que l’un d’eux cède à la compromission (et gagne ainsi une gloire bien dérisoire) tandis que l’autre voit son rêve s’écrouler face à la dure réalité.
Personne n’attend les artistes et le chemin vers la réalisation d’une oeuvre passe par une persévérance sans limites, une capacité à encaisser les flops, le désintérêt du monde pour notre univers intérieur si singulier.
Sur ce principe de réalité vient se casser le ciment du couple, la relation idéale, la petite bulle d’amour qu’ils partageaient. Ces deux êtres s’aiment et se soutiennent, jusqu’à ce que le succès de l’un (loin de son ambition première) et l’échec de l’autre sape la confiance mutuelle de l’un dans l’autre. C’est là que le film devient intéressant, quand les deux doivent faire face à leur rêves brisés et qu’une remise en question s’impose. Cette scène ou Mia évoque sa tante qui a sauté dans la Seine, ce moment d’émotion sincère ou l’actrice après nous avoir joué et mimé tous les sentiments, se révèle dans ce qu’elle a de plus fort : sa fragilité.
Voilà en quoi LA LA LAND parvient à tordre le cou à son propre style, à montrer la faille sans défaillir, et voilà en quoi le film m’a saisie. Cette comédie musicale n’est que le paravent qui masque une histoire autrement plus sombre. La fin en pied de nez (qui m’a rappelé un certain moment de Mommy) témoigne de l’idée qui sous-tend ce film :
La réalisation des rêves se paye au prix du désenchantement.
Après ça tout est dit et il faut se colletiner la montagne d’effets pop acidulés que Damien Chazelle nous fait traverser pour en arriver à cette vérité crue, intransigeante, dérangeante et pourtant si salutaire. C’est ce qui sauve le film d’un ennui certain, d’un happy-end trop attendu, c’est l’idée terriblement mélancolique que notre vie dans toute sa gloire n’est faite que de nos ratages. C’est ce qui est beau au final, c’est ce qui m’a parlé en tout cas. La musique et les couleurs vives cèdent peu à peu la place au gris, au bleu qui évoque l’univers de Kind of Blue de Miles Davis. Le bleu, la couleur que je travaille sans cesse, la couleur d’un sentiment à la fois sombre, profond et lumineux, celui d’exister, de rêver et souvent de rater sa vie.